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Aires de jeux à Bordeaux : où s’amuse-t-on le plus ?

Score honorable pour la ville de Bordeaux : 63 aires de jeux pour 24 000 bambins. Mais entre un enfant des Chartrons et un autre de Bacalan, les possibilités d’accéder à des aires de jeux proches et en bon état sont loin d’être les mêmes. Dommage pour une ville qui affiche deux priorités : la proximité et l’enfance.

La carte ci-dessous présente les aires de jeux réparties dans les quartiers de Bordeaux. Les zones sont colorées du vert foncé au vert clair en fonction du nombre d’aires de jeux qu’on y trouve pour 1000 enfants. Enfin, les aires sont distinguées en deux catégories : celles pour lesquelles Alain Juppé a annoncé des rénovations dans le bilan de son troisième mandat, et celles pour lesquelles aucune rénovation n’est intervenue ces dernières années.

« Bordeaux aime ses enfants, et ils le lui rendent bien » assène le site Bordeaux Tourisme et Congrès. Mais tous les enfants de Bordeaux ne sont pas logés à la même enseigne. Treize quartiers, treize offres différentes en aires de jeux.  Les Chartrons affiche le plus grand nombre d’aires de la ville, mais ce résultat est nuancé par la considérable population enfantine du quartier. La situation est inversée à Saint-Augustin : sept aires pour 1284 enfants seulement.

Au delà de ces chiffres, toutes les aires de jeux ne sont pas dans le même état. Le square Jean Bureau est dégradé. Le revêtement du sol y est déchiré à plusieurs endroits. L’aire des Berges du lac forêt ne compte elle que deux jeux à ressort au milieu d’un terrain non clôturé. « C’est dangereux. Les enfants peuvent facilement s’éloigner et tomber dans le lac » affirme Deborah, maman rencontrée près de l’aire. Bien loin de ces difficultés, les aires de l’esplanade Charles de Gaulle et celle de la place Ferdinand Buisson sont de véritables parcs d’attraction.

Au square Jean Bureau, le revêtement du sol est devenu au fil du temps un véritable gruyère

Au square Jean Bureau, le revêtement du sol est devenu au fil du temps un véritable gruyère

 

L'esplanade Charles de Gaulle a été rénovée durant le dernier mandat d'Alain Juppé. Une réussite selon les parents.

L’esplanade Charles de Gaulle a été rénovée durant le dernier mandat d’Alain Juppé. « Une réussite » selon les parents.

Cas extrême : à la cité des Aubiers, les enfants ne disposent d’aucune aire de jeux. La mairie en annonce pourtant deux. Problèmes : la première a été rasée pour aménager un accès pompiers, la seconde est actuellement fermée le temps de l’installation d’une balançoire. Elle aurait dû rouvrir ses portes en avril, mais le mauvais temps a ralenti les travaux. Heureusement, nous sommes tombés sur un nouveau square qui permet aux enfants de la cité de profiter d’un équipement neuf.

L’état des lieux n’est pas plus réjouissant au niveau national. Bordeaux fait partie des moins bons élèves : à peine deux aires de jeux pour 1000 enfants. Loin derrière Rennes.

2008-2014 : 2 millions d’euros pour les aires de jeux

Entre 2008 et 2014, la ville de Bordeaux a dépensé plus de 2 millions d’euros pour créer, entretenir ou rénover des aires de jeux, d’après les comptes-rendus de conseils municipaux. Ces équipements ont un budget dédié. « En 2013, nous avons dépensé environ 160 000 € pour acheter de nouveaux jeux et entretenir les squares », assure Gaëtan Wicart, directeur du service des parcs et des jardins de Bordeaux.

La ville se charge du nettoyage : ramasser les mégots, les canettes et autres déchets qui parsèment les aires de jeux. « Mais ça n’est pas fait tous les jours » déplore une mère rencontrée au square Vinet. «  On trouve même des seringues », remarque Séverine, habituée du parc du docteur Roger Hypoustéguy à Bacalan. S’assurer que les jeux sont en bon état, c’est pour des sociétés privées – les plus importantes sont Kaso, Kompan et Husson – qui répondent à des appels d’offres lancés par la mairie. « Ces entreprises réalisent des contrôles tous les trois mois, et des visites de secteur chaque semaine. Si elles relèvent un défaut, elles nous font un devis de réparation que l’on accepte ou pas », détaille Laurent Mazzucco, « monsieur aire de jeux » à la ville de Bordeaux.

Pour la création de nouvelles aires de jeux, le coût peut aller de 50 000 € à 200 000 €. « Tout dépend des types de jeux et de la superficie », explique Laurent Mazzucco. Sur la place André Meunier, où une nouvelle aire de 1500 m2 est prévue, il faudra donc compter 166 000 €. Par contre celle de la cité Chantecrit qui s’étendra sur 100 m2 ne coûtera « que » 33 000 €.

Dans les bilans de mandat qu’Alain Juppé a dressé quartier par quartier, la création et la rénovation d’aires de jeux figurent en bonne place. Entre 2008 et 2014, vingt aires de jeux auraient été soit créées, soit rénovées. Sur l’esplanade Charles de Gaulle à Mériadeck, les améliorations sont évidentes, et les parents ne tarissent pas d’éloges. « Si toutes les aires de jeux pouvaient être comme celle-là à Bordeaux, ce serait génial », s’exclame Véronique. Par contre, au square de la place Pierre Jacques Dormoy, près de la gare Saint-Jean, les rénovations sont très discrètes, voire invisibles. Les jeux sur ressort sont écaillés, le revêtement au sol délavé, et les étiquettes des jeux indiquent que leur fabrication remonte à 2003. Marie, animatrice à Yakafaucon, une association de quartier, confirme : « Il n’y a eu aucun travaux entre 2008 et 2014 ». « Cette place est très inondable, justifie Gaëtan Wicart. Mais elle va bientôt être démolie et les jeux transférés sur la place André Meunier, actuellement en travaux». Les drôles, comme on appelle les enfants à Bordeaux, devront donc attendre le printemps 2016 pour retrouver leurs balançoires et leurs bacs à sable.

Fanny Laison, Vaihere Tauotaha et Thomas Evrard

Vous pouvez encore consulter les sites du datajournalismelab de 2013 et de 2012. Outre les productions des étudiants, vous y trouverez des documents visant à partager les expériences et la réflexion des nombreux acteurs de ce laboratoire autour d’un modus operandi de la formation au datajournalisme.